Page:Bazin - La Barrière, Calmann-Lévy.djvu/140

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— Mais, non, ma chère : mystique, je soutiens qu’il vit, qu’il nage dans l’irréel. Il a le goût des femmes dévotes. Il se représente Marie comme une espèce d’archange ou de madone.

— Il l’aime.

— J’appelle cela déraisonner, être malade, ignorer le monde, faire une sottise. Choisissez.

Madame Limerel, lasse d’être debout, plus lasse encore de contredire, sachant l’inutilité des discussions, reprit le ton de visite, qu’elle avait aimable et d’un joli timbre.

— Je voudrais ne pas vous déplaire. Que désirez-vous que je fasse, mon ami ?

— Ce que je veux ? C’est que vous parliez à votre fils. C’est que vous le détourniez de cette idée folle. Il vous écoutera mieux qu’il ne m’a écouté. Vous avez une influence sur lui.

— Je le ferai d’autant plus souffrir… Puisque vous le voulez, j’essaierai. Où est-il allé, en vous quittant ?

— Au ministère, où il avait rendez-vous… Il ne peut tarder. Je vous laisse. Il croira me trouver, et il vous trouvera…

— Vous ne craignez pas qu’il ne soit soutenu bien fortement ?