Page:Bazin - La Barrière, Calmann-Lévy.djvu/197

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bandes, des mains qui tenaient des galettes de ouate ou de charpie rouges de sang ; il vit, tout près de lui, à gauche, une malade vieille, assise dans le lit, tournée de profil, et dont la tête était emprisonnée dans des linges. L’enveloppe de toile, détachée, tomba comme un plâtras, et, sous la lumière crue, les joues apparurent, broyées jusqu’aux dents, boursouflées et purulentes tout autour de la plaie, qui allait du coin des lèvres jusque vers l’oreille. L’agrégée qui la soignait tournait le dos à la porte ; mais, au moment où elle appliqua de nouvelles compresses sur les chairs vives, il lui fallut se détourner légèrement. Elle touchait cette souffrance avec une pitié, une tendresse qui semblaient avoir appelé toute son âme dans ses doigt craintifs et sûrs cependant. Ils voulaient, ils imploraient, ils aimaient. Et les deux femmes étaient si près l’une de l’autre, que le profil pur et jeune de l’infirmière paraissait baiser la joue ravagée, et se dessinait, pâle, sur le chancre sanglant. Réginald se redressa dans un sursaut d’horreur et d’étonnement.

— Ce n’est pas possible ? Qui est cette dame ?

— Une femme du monde, je vous l’ai dit.