Page:Bazin - La Barrière, Calmann-Lévy.djvu/205

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« Celui qui a quitté pour ces pauvres sa famille, — qui était de la middle class au moins, et peut-être de la gentry, — celui-là est un ardent, songeait Réginald, un dévoué, un homme vierge, qui leur appartient entièrement. Il est l’ami de l’indifférent, hostile, oublieux faubourg. Quelle immolation de soi ! Il est volontairement comme l’un d’eux, sauf par la richesse de sa croyance, qu’il leur donne ; partageur d’espérance et de force… »

Plus souvent encore, Réginald étudiait les visages de ces ouvriers de Paris. Et, peu à peu, toute son attention observa, enveloppa, et tâcha de comprendre ce grand jeune, aux joues plates, à la petite moustache en sourcil, courte et tombante, et qui avait des yeux de rêve. Réginald se sentait devenir l’ami de cet inconnu à jamais, de ce passant dont personne peut-être ici ne savait le nom, et qui, pour la première fois sans doute, — car l’étonnement, la lutte, l’émotion modelaient, faisaient et défaisaient sa physionomie, — entendait des paroles qui révèlent aux âmes leur noblesse et leur misère.

« D’où venez-vous, petit ? songeait-il. Vous avez l’âge où les femmes qui passent font trembler