Page:Bazin - La Barrière, Calmann-Lévy.djvu/218

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— Mon père se moquerait de moi, si je lui disais où je passe la nuit. Il n’y croirait pas ; et, en effet, c’est invraisemblable. Je ne puis donc lui demander son automobile. Excusez-moi… Pourtant, il m’arrive de découcher pour de moins belles raisons. Allons, à ce soir !

Félicien avait un autre motif pour ne pas parler à son père du projet de passer la nuit à Montmartre. M. Limerel, très habitué, en homme d’affaires, à deviner les intentions, et à construire des romans d’intérêt, d’après de menus indices, aurait compris, au premier mot, que Montmartre et Marie Limerel étaient deux termes en corrélation, et que Félicien ne montait là-haut que pour elle, et peut-être eût-il pensé « par elle. »

Vers neuf heures moins un quart, en costume de promenade, chapeau rond et pardessus d’été, Félicien et Réginald arrivaient en haut des escaliers de la Butte. Il avait plu. Un vent froid, dernier coup d’aile d’un orage en retraite, balayait les nuages et les refoulait, les tassait en demi-cercle ravagé, du côté du Sud. Les coupoles blanches de la basilique se levaient dans l’azur renouvelé. Les deux jeunes hommes,