Page:Bazin - La Barrière, Calmann-Lévy.djvu/23

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de lady Breynolds. L’officier ne fut plus mêlé à la conversation générale, souvent brisée, qui se tenait autour de la table.

La lumière faiblissait à peine et s’attardait dans le ciel, car on était à la fin du printemps. Mais ses rayons tenaient obliquement et ne touchaient plus que la pointe des vagues de la mer, la courbe des collines, les branches des arbres, le dos élargi d’une haie où frissonnaient des feuilles nouvelles. Les jeunes filles qui se levaient, dans cette coulée ardente du soir, si elles étaient blondes, devenaient subitement couleur d’or, et elles riaient en se détournant. Mademoiselle Limerel, s’étant dressée pour prendre un sac, sur le dossier d’un banc voisin, fit trois pas, la tête et les épaules baignant dans cette nappe de soleil couchant. Lady Breynolds, qui n’était pas artiste, mais qui était facile à amuser, malgré son air majestueux, dit :

— Oh ! regardez ! La brune Mary transformée en Vénitienne ! Vous êtes étrange ainsi. N’est-ce pas, Dorothy ?

Oui, la couleur de ces cheveux traversés de soleil était extraordinaire, mais l’admirable,