Page:Bazin - La Barrière, Calmann-Lévy.djvu/232

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devant ce jeune homme qui, depuis longtemps debout, n’avait pas plus bougé que s’il eût été près du Roi, en service de Cour, un jour de lever. Les images étaient si nettes, les mots échangés avant le départ avaient si bien gardé leur ordre et leur accent, qu’une grande douleur lui vint avec eux et par eux. Il était donc là, dans une église de France, dans la nuit, sans qu’aucun des êtres chers pût seulement l’y retrouver en pensée, perdu, oublié, seul étranger peut-être et sûrement seul hérétique. Pourquoi demeurait-il là ? Il se le demandait, et il eût été incapable de donner une réponse précise. Il regardait avec insistance ce pain enveloppé d’or ; une sorte d’attirance maintenait ses yeux levés ; une volonté secrète, douce, qu’il sentait parfaitement raisonnable, commandait en lui, et tenait le cœur et l’esprit tout ouverts, comme les maisons au printemps. Réginald retrouvait, dans ce décor catholique, l’émotion première de l’enfant qui sent qu’il a une âme, et qui la tient avec respect devait Dieu, celle-là même qu’il avait éprouvée plusieurs fois au temps de sa petite jeunesse, quand le père lisait le Livre à haute voix, le soir, dans la chapelle de Redhall.