Page:Bazin - La Barrière, Calmann-Lévy.djvu/261

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Ils écoutèrent tous deux, retenant leur souffle. Les pas continuèrent de s’éloigner, et le bruit se perdit.

— Je vous défends d’aller le chercher, et de combiner avec lui de ces phrases de théâtre qui sont pleines de réticences, et que le père doit accepter comme une expiation suffisante de toutes les injures qu’il a reçues. C’est moi qui dicterai les conditions de pardon. Je n’entends pas que votre faiblesse intervienne. J’ai été gravement, odieusement outragé… Mais parlez donc ! Qu’avez-vous à vous taire, et à me regarder comme vous faites ?…

Elle n’était pas, comme d’habitude, effarée et ployante d’admiration et de crainte devant lui. La violence de la douleur avait éveillé une autre femme, qui ne paraissait plus obéir aux mêmes mots, ni même y prêter attention. Oui, une autre femme qui avait une pensée, et une sorte de courage exalté.

— Mon ami, il nous a jugés !

— Comment osez-vous dire une chose pareille ? Jugés ?

— Il a peut-être raison.

— Félicien ? Raison contre nous ? Vous avez