Page:Bazin - La Barrière, Calmann-Lévy.djvu/319

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— Voulez-vous venir avec moi ? Nous ferons notre dernière promenade.

Elle se leva aussitôt, et elle se mit à marcher près de Réginald, entre les lignes des grands pins, sur le sol renflé, couvert d’aiguilles sèches.

— Vous laissez faire ? demanda l’amie.

Madame Limerel répondit :

— Il est Anglais, et il part demain.

La dernière promenade ! Oh ! comme les souvenirs, les plus petits et les plus lointains, avaient entendu ce mot cruel ; comme ils s’étaient rassemblés autour des promeneurs ; comme ils les avaient séparés, tout d’un coup, d’avec le monde entier ! Réginald s’était déjà penché du côté de Marie, et il lui parlait. Émus l’un et l’autre d’une émotion différente, mais qui dominait tout leur être, ils allaient lentement, et ils n’avaient ni un geste, ni une inflexion de voix étudiée ou voulue. Les mots qu’ils échangeaient étaient dépouillés de toute comédie humaine, souffles de deux âmes qui ne mentaient point. Pour la première fois, Réginald dit : « Mary », et d’entendre prononcer son nom, Marie fut troublée plus encore. Elle