Page:Bazin - La Barrière, Calmann-Lévy.djvu/322

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comme envers d’autres jeunes filles. Vous n’étiez qu’une de mes partenaires au jeu de tennis, une étrangère, presque une inconnue, et je vous ai faite juge de la plus grande angoisse de ma vie. D’où me venait cette extraordinaire confiance ?

— Vous me l’avez dit : un peu de ce que vous me prêtiez une sûreté de jugement que je n’ai pas toujours pour moi-même, croyez-m’en, et beaucoup parce que vous supposiez que nous ne nous reverrions plus.

— Oui ! Mais je vous ai revue. Je vous ai revue comme malgré moi. J’ai manqué à mon dessein réfléchi. Et pourquoi ? Quelle force m’a fait monter chez votre mère, quand je m’étais obstiné, depuis plus d’une semaine, à ne pas lui rendre visite ? Expliquez-moi mon obéissance aux moindres paroles que vous avez dites, ma joie quand je suis près de vous, mon trouble comme en ce moment. Je ne l’ai compris que cette nuit, en songeant à cette demi-année qui a tout changé en moi et autour de moi. Mary, je suis sûr que je vous ai toujours aimée, au moins un peu, et moins que maintenant.

Marie ralentit encore le pas, et regardant bien droit, tristement, celui qui l’interrogeait :