Page:Bazin - La Barrière, Calmann-Lévy.djvu/332

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plus long, plus maigre et plus gauche que jamais, hésitait à se montrer jovial, et retenait ce sourire à grandes dents qui lui était habituel.

— Vous interrogez ma mine comme si je sortais de maladie, mon cher, dit Réginald ; ne vous inquiétez pas de moi, je suis le même homme, et je vais reprendre du service. Je pars ce soir… à moins que mon père ne me retienne, et alors je partirais demain. Comment va-t-il ?

— Merveilleusement. Le climat lui convient.

— Tant mieux. Il n’a pas paru trop préoccupé ?

Rendu à lui-même, Hargreeve entraîna Réginald, et de ses gestes, en remontant la rampe, il animait tous ses mots.

— Lui ? Ses meilleurs amis, comme moi, ignorent la serrure compliquée de cet esprit-là. Je sais ce qu’il fait, mais savoir ce qu’il pense, quand il ne veut pas le dire ! Je puis vous certifier qu’il mène une vie active et conforme à ses goûts. Il a un petit bateau blanc, gréé en sloop, avec lequel nous courons d’un bord à l’autre du lac ; un fin voilier, Réginald, et qui peut servir pour la pêche. Nous pêchons