Nous avons fait une longue, une très longue promenade. Il était triste. J’ai cru, plusieurs fois, qu’il allait me parler de vous. Mais non, rien. Et cependant, il m’avait dit : « Vous ne me quitterez pas. »
Ils suivaient la route que bordait, à gauche, une pente très raide, plantée de toute sorte d’arbres, rassemblés là comme dans une serre. On commençait à voir le tournant, et, à travers les branches, en face, les montagnes bleues de l’autre côté du lac.
— J’irai le trouver, dit Hargreeve. Je lui annoncerai que vous attendez sa réponse.
Réginald mit la main sur le bras de son vieil ami.
— Ajoutez bien que je suis soumis à ses ordres, et que je ne demande qu’une seule chose : le voir, même en silence, le voir, même une minute.
Le visage d’Hargreeve exprimait un attendrissement mélangé de regret et de reproche, celui qu’on éprouve pour l’héroïsme inutile.
— Brave garçon ! fit-il. Je ne vous comprends pas ; mais j’ai tout de même un faible pour vous.