Page:Bazin - La Barrière, Calmann-Lévy.djvu/38

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fils… À présent, il me semble qu’on vient de m’annoncer que « l’opération a parfaitement réussi ». Je ne suis pas ravie, mais je suis contente. Vous ne le croyez pas ?

Madame Limerel rabattit sur ses genoux la main qui tenait la feuille de papier, et considéra un instant sa fille, le temps infiniment court qu’il faut à une mère pour lire sur le visage de son enfant ; puis, ayant acquis la certitude qu’elle cherchait, et dissipé un doute, elle sourit. Elle n’avait gardé de son bonheur passé que cette manière tendre de sourire à ses deux enfants. Elle aurait pu être encore très jolie, si elle l’avait voulu. Mais elle ne le voulait plus. Elle n’était jeune que pour Marie et pour Édith.

En ce moment, la parenté était éclatante entre l’enfant et la mère. Ces deux fronts droits, si purs et si fermes, enveloppés de cheveux sombres, qu’elles relevaient presque de la même façon, et qui avaient des reflets en spirale, d’un or profond, comme des traînées de sève ; ces beaux sourcils étroits dont l’arc était parfait ; ces dents d’un émail laiteux ; cette blancheur de la peau où le sang n’affleurait nulle part et se