Page:Bazin - La Barrière, Calmann-Lévy.djvu/45

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qu’elle habitait alors, à Paris, où elle avait été élevée, où elle avait presque tous ses parents et toutes ses relations. La fortune, non pas grande, mais suffisante, qu’elle possédait, lui avait permis de vivre largement, de donner beaucoup, plus tard de recevoir un peu, et de conserver le seul luxe qu’elle eût regretté : une voiture. « L’équipage », comme disait M. Victor Limerel, grand amateur d’automobiles, passait comme un souvenir dans les rues de Paris, et ceux qui le voyaient devaient songer à quelque douairière, ample et poudrée, que n’était pas du tout madame Limerel. C’était un coupé de bonne fabrique, capitonné de soie grenat, et traîné par une jument gris pommelé, qui n’avait jamais eu de poulain, mais si maternelle d’œil, d’allure, de ventre et de croupe, qu’on la déclarait nécessairement poulinière, quand on l’apercevait dans les rues, sur les boulevards, trottant de l’avant, galopant de l’arrière, saluant en mesure, de son encolure puissante, Paris indifférent. Or, au commencement de l’année, la poulinière s’étant couronnée, madame Limerel s’était décidée à la vendre ; elle avait vendu aussi le coupé grenat, licencié Joseph, et déclaré à Marie : « Petite, je