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Page:Bazin - La Barrière, Calmann-Lévy.djvu/82

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un collier de barbe courte rejoignant les cheveux en couronne, jaunes et blancs, plantés en houppes, et, sous les sourcils très longs, très fournis, deux petites perles bleues, frémissantes, vibrantes, vernies souvent par une larme qui ne tombait jamais, et qui était de vieillesse et non d’attendrissement. Ses amis disaient de lui : « Quand sir George mourra, l’Angleterre perdra le plus anglais de ses fils. » Il était de la vieille Angleterre, attaché à tout usage, à son rang, à son Église, parce que tout cela, pour lui, faisait partie de la Constitution. Le « plus vieux que lui » le dominait. Il refusait une nouveauté, dès qu’elle lui semblait opposée à cet ensemble, et l’épithète de national lui suffisait pour ne pas examiner les raisons qu’on invoquait autour de lui contre ce qu’il avait vu faire ou penser. Son amitié était fidèle, son inimitié également. Personne, dans sa maison, ne discutait ses ordres, ou ne s’avisait même de se les faire expliquer, car il pardonnait les négligences, mais non l’indiscipline, les protestations, les observations, ce qu’il nommait la révolte. Sa confiance dans son pays était d’ailleurs sans bornes et émouvante.