Page:Bazin - La Barrière, Calmann-Lévy.djvu/99

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bras, au moment où il entrait dans le salon, son ami Fred Land ; il l’avait entraîné près de la fenêtre, de la dernière fenêtre de cette vaste pièce illuminée, et il demeurait droit, les yeux bien ouverts, mais tout vides de pensée, tandis que l’écrivain, avec une verve qui ne semblait pas forcée, racontait des souvenirs de jeunesse : « Vous étiez là, George, vous aviez dit à l’homme de vous attendre en promenant le cheval à la porte de l’auberge, nous étions huit chasseurs fourbus… » Quelquefois, les lèvres du baronnet se desserraient et murmuraient un mot, toujours le même, « yes », qui signifiait : « continuez, l’heure passe », mais que n’accompagnait aucune flamme, aucun signe d’attention. Lady Breynolds, comme si elle avait pu ne se douter de rien, remplissait exactement ses devoirs de maîtresse de maison ; elle allait d’un groupe à l’autre, avec la même amitié calme, le même souci de faire valoir chacun de ses hôtes et de prolonger, un soir de plus, la légende du bonheur de Redhall, du bonheur des riches. Réginald, assis à l’extrémité du salon, près du piano, montrait à Cuthbert Hagarty de gros albums tout pleins de croquis au crayon et