Page:Bazin - La Terre qui meurt.djvu/40

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— Il faut demander cela à Rousille dit Éléonore. Elle doit avoir des nouvelles.

La petite, à demi tournée vers la table, le reflet du feu dessinant sa silhouette, répondit :

— Sans doute, j’en ai. Je l’ai rencontré au tournant de la virette de chez nous : il va chasser.

— Encore ! fit le métayer. Il faudra pourtant que ça finisse ! Le garde de M. le marquis, ce soir, comme je serrais mes choux, m’a fait reproche de son braconnage.

— Est-ce qu’il n’est pas libre d’aller aux vanneaux ? demanda Rousille. Tout le monde y va !

Éléonore et François poussèrent un grognement de mépris, pour marquer leur hostilité contre le Boquin, l’étranger, l’ami de Rousille. Le père, rassuré par la pensée que le garde n’irait assurément pas troubler la chasse de Jean Nesmy dans le Marais, terre neutre où chacun pille, comme il lui plaît, les bandes d’oiseaux de passage, se pencha de nouveau au-dessus de l’assiette. François commençait à s’assoupir, et ne mangeait plus. L’infirme buvait lentement, les yeux vagues devant lui, songeant peut-être à la chasse qu’il avait aimée, lui aussi. Il y eut un moment de paix apparente. Le vent, par les fentes de la porte, entrait