Page:Beauchamp - Mémoires secrets et inédits pour servir à l’histoire contemporaine, tome 1.djvu/126

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Saladin. L’expérience avait fait connaître à ce prince guerrier l’insuffisance des remparts de Belbéis ; il sentait également le danger qui menaçait Damiette si les croisés l’attaquaient. Ne voulant pas qu’on pût ébranler l’existence de son empire par l’issue d’un seul siége, il voulut avoir une place forte sur les flancs de l’ennemi qui remonterait la branche de Damiette, afin d’arrêter au sortir du désert l’armée qui viendrait de Syrie. Tel fut le but que Saladin se proposa en faisant élever une forteresse à Saléhiéh. Là se trouve la dernière lisière des terres cultivées de l’Égypte. Au sortir de ces bois commence l’isthme de Suez : il faut dès lors parcourir cinquante lieues avant de rencontrer un endroit habité ; durant tout cet espace le voyageur ne marche que sur un sol nu, et ne rencontre que sept fois une eau saumâtre et peu abondante. Chargé de découvrir les vestiges de l’ancienne forteresse de Melle-Saleh, toutes nos recherches furent inutiles : la tradition de son emplacement ne s’est pas même conservée.