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là, surprit l’ennemi, dont elle fit un carnage horrible. Toute l’armée se précipita dans la ville avec une fureur difficile à décrire. Le viol, l’égorgement et la dévastation la remplirent de sang et de deuil ; on passa au fil de l’épée tous les habitans, sans distinction d’âge ni de sexe. Un brave grenadier de la 69e, nommé Vacher, était déjà chargé de butin, lorsqu’il entendit des voix plaintives et des accens français : c’étaient MM. Rey et Joffrey, négocians établis en Syrie et emprisonnés à Jaffa par Djezzar : des militaires violaient leurs femmes, leur arrachaient leurs bijoux et les ornemens de leur sexe. Le brave Vacher abandonne son butin, monte dans la maison, la baïonnette en avant, et au péril de sa vie, fait respecter les deux négocians et leurs femmes éplorées. Il reçut depuis un sabre d’honneur en récompense.

Le général Robin parvint à arrêter le désordre, en sabrant de tous côtés le soldat devenu féroce ; mais on peut dire que le soldat s’arrêta plus encore, parce qu’il était épuisé de