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geâmes avec raison que son teint pâle et son extérieur négligé étaient un signe de dénûment. Nous aurions bien voulu le voir, l’interroger ; mais nous étions gardés à vue. Nous priâmes un Polonais, qui avait la facilité de sortir, de lui porter quelques secours de notre part, et de lui faire connaître nos noms. Il reçut nos secours avec reconnaissance, et nous apprit qu’il était le colonel Sainte-Suzanne.

Nous eûmes encore occasion d’être utiles à quelques officiers français, prisonniers comme nous, mais bien plus malheureux. Nous avions un crédit ouvert dans deux maisons de commerce de Moscou ; nous en profitions pour subvenir à nos besoins personnels, et pour soulager nos compatriotes. Par là, nous nous procurions des jouissances qui servaient à adoucir les rigueurs de notre captivité, et qu’il n’était pas au pouvoir de nos ennemis de nous ravir.

Tous les Français qui reçurent de nous des services de cette nature, rentrés depuis