Page:Beauchamp - Mémoires secrets et inédits pour servir à l’histoire contemporaine, tome 2.djvu/30

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les produits qu’elle tire de l’Inde, ou de les vendre en Amérique, la Grande-Bretagne aurait infailliblement perdu l’un de ses plus puissans élémens de richesses, et n’aurait pu racheter cette perte par aucun système de compensation : c’était ce que Napoléon ambitionnait de tous ses vœux, et sans doute il n’eût pas laissé échapper l’occasion d’appauvrir et d’humilier une puissance rivale.

Je répéterai ici ce que j’ai déjà avancé. J’ignore si ce plan, tel que ma mémoire me le rappelle, eût été celui que Napoléon eût voulu suivre ; mais je sais très-positivement qu’il lui avait été présenté, et qu’à Hambourg on en parlait comme d’un projet sagement combiné, et qu’on y rattachait d’immenses résultats. Il paraît même qu’on avait proposé à Napoléon la création de nouvelles villes anséatiques, telles que Revel, Riga, Memel, Kœnisberg, Gothembourg, Stettin, Stralsund, et les plus fortes places maritimes d’Espagne. Chacune de ces villes aurait eu une junte commerciale composée de négocians, sous la surveillance des consuls français. Cette association était représentée comme devant réveiller sur le continent l’esprit mercantile, et contribuer à entraver le