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d’hui qu’un mauvais fort qui tombe en ruines, et au milieu duquel s’élève un minaret. Je l’ai visité et j’y ai trouvé quelques pièces de canon, de longues coulevrines et des mortiers en pierre, le tout hors d’état de service et ne pouvant résister à un seul coup de canon.

C’est seulement dans la configuration du port et de la digue qu’on reconnaît l’Alexandrie telle que nous la représentent les Commentaires de César. À peine y reste-t-il aujourd’hui dix mille âmes ; et l’on voit, par son ancienne enceinte, qu’elle a bien pu en contenir trois cent mille : nous ne pouvions nous le figurer. Quant à l’Alexandrie moderne, où l’on voit çà et là quelques dattiers, arbre triste qui de loin ressemble au pin, ce n’est qu’un amas de ruines et de baraques de terre formant de petites rues fort étroites d’une malpropreté au-dessus de tout ce qu’on peut imaginer, ce qui, joint à la chaleur excessive du climat, fait qu’on y respire un très-mauvais air qui y amène chaque année la peste.