Page:Beauclair - Une heure chez M. Barrès, 1890.djvu/35

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
31
Une heure chez M. Barrès.

pris au sérieux l’auteur de la Vie de Jésus s’il avait pris l’absinthe, tous les jours, sur le perron de Tortoni et passé la moitié de ses nuits autour de la table de baccarat du Cercle de la Presse ? »

J’approuvai de la tête. M. Barrès continua :

— « J’ai ce bonheur d’avoir peu de vices, et d’être irritable. C’est dans cette pièce que je me réfugie pour fuir les fâcheux, et, quand j’y suis, nulle passion violente ne m’appelle au dehors. J’ai l’intérieur d’un homme marié, dont la femme serait, à sa grande joie, toujours en voyage. Dès que cela me fut possible, je pris à mon service une vieille femme discrète et louai un appartement confortable. Je déjeune et dîne chez moi. Je ne vais jamais plus au restaurant. C’est le manque de « chez soi » qui conduit à la paresse trop d’esprits distingués. On tra-