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Page:Beaufront, Commentaire sur la grammaire Espéranto, 1906, 5ed.djvu/56

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D’abord la conjugaison y présente plusieurs types, dits réguliers, dans chacun desquels le verbe reçoit, sous différents radicaux, un nombre de terminaisons véritablement excessif. L’ensemble complet de la conjugaison française en offre 2265 ! Aussi, comprend-on ce mot original du général Faidherbe : « Le verbe est le grand obstacle à notre colonisation. »

À ces types, prétendus réguliers et déjà très lourds pour notre pauvre mémoire, viennent s’ajouter une quantité considérable de verbes tout à fait irréguliers. L’anglais en compte deux cents environ, le français six cents, et toutes les langues un très grand nombre.

Enfin, à l’irrégularité et à la multiplicité de leurs formes, nos verbes ajoutent encore toute une collection de règles, trop souvent fantaisistes, pour l’emploi des modes et des temps[1]. Il résulte de tout cela une somme de difficultés telle que la plupart des gens en triomphent à peine dans leur langue maternelle et que la conjugaison est à coup sûr le plus grand obstacle grammatical dans une langue étrangère.

Eh bien ! l’Esperanto réduit toutes ces difficultés à la possession de 12 formes ou terminaisons qui caractérisent d’une manière complète les modes et les temps. Quelle que soit leur nature ou leur voix, tous les verbes de la langue se conjuguent à l’aide de ces 12 mots. L’auxiliaire être lui-même, irrégulier dans toutes les langues connues, n’échappe pas à cette loi. En français il offre à lui seul 34 terminaisons absolument diverses, greffées sur 22 radicaux différents, soit un total de 56 formes aussi variées que possible.

1o Le verbe ne change, en Esperanto, ni pour les personnes, ni pour les nombres. Exemples : Mi

  1. Nous verrons comment l’Esperanto leur assigne l’office propre et exclusif rationnellement déterminé par la nature même de chacun d’eux.