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SOUVENIRS D’UN CONTRE-GUÉRILLAS

charge et nous attaqua assez vivement pour me décider à détacher deux régiments de ma brigade, pour le combattre en rase campagne. Ce diable de Dupin s’était concerté avec lui, et nos soldats avaient à peine franchi les fortifications et engagé le feu contre la Légion étrangère, que deux escadrons de cavaliers et une batterie de campagne des contreguérillas, cachés dans le chapparal, se ruèrent sur notre arrière-garde. Je commandais en personne, mais mes hommes crurent aux cris poussés par les “diabolos colorados” que nous avions affaire à des forces supérieures. Une panique s’ensuivit, et nous rentrâmes pêle-mêle dans Durango, après avoir perdu cinq cents hommes tués, blessés et faits prisonniers. Le soir même, à la faveur de l’obscurité, nous fûmes forcés, à notre tour, de nous retirer devant les forces combinées de Jeanningros et de Dupin. Jugez de mon humeur. C’est ce qui me fait vous dire que si j’avais eu alors entre mes mains un homme appartenant à la contreguérilla, je lui aurais tout probablement fait passer un mauvais quart d’heure.

— En effet, répondis-je, j’ai entendu le colonel Dupin lui-même raconter les détails de cette affaire. Mais que voulez-vous, général, malgré tous nos succès d’alors, les circonstances nous ont forcés d’abandonner l’espoir d’établir un empire sur le sol du Mexique. Espérons ensemble que l’avenir réserve à votre pays une ère de paix et de prospérité.