Page:Beaugrand - Jeanne la fileuse, 1878.djvu/103

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nous allions sortir et que nous pourrions alors causer avec lui, avec plus de facilité. Il est fort probable que le mouchard anglais prit ces paroles comme acte de soumission, car nous l’entendîmes qui disait à ses compagnons :

— " We’ve got them allright, Jack. "

— Attends, un peu mon bonhomme, murmurai-je entre mes dents, et nous allons voir si tu es "allright ". Et nous sortîmes tous les trois, armés jusqu’aux dents, au grand étonnement des Anglais qui pensaient nous avoir pris comme dans une souricière. Il y eut un moment d’hésitation, de part et d’autre, lorsque nous nous rencontrâmes face à face, et je fus le premier à rompre le silence.

— Que nous voulez-vous ? leur dis-je en français, et en les apostrophant avec rudesse.

— Êtes-vous les nommés Marion et Girard, de Contrecœur ? me répondit celui qui nous avait déjà parlé et que je reconnaissais par le timbre de sa voix.

— Admettant que nous soyons Marion et Girard, répondis-je, que prétendez-vous faire ? nous arrêter ?

— Oui ! au nom de la reine, notre gracieuse souveraine, je vous arrête, comme traîtres et rebelles au gouvernement de sa gracieuse majesté.