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Page:Beaugrand - Jeanne la fileuse, 1878.djvu/117

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ce poème délicieux de deux cœurs qui s’aiment et qui, pour la première fois, se confient l’un à l’autre. La jeune fille, penchée timidement au bras de son amant aspirait avec délices les paroles d’affection passionnée que lui répétait Pierre. La pauvre Jeanne se laissait bercer doucement par son bonheur et entrait sans crainte, quoique avec timidité, dans le sentier parfois si difficile des passions humaines. Redire ici les riens charmants, les folies sublimes que se répètent les amoureux ; raconter leurs transports d’un bonheur que rien ne trouble au début ; révéler leurs projets pour l’avenir, serait probablement une tâche trop difficile à remplir. Aussi, laisserons-nous à l’imagination du lecteur et la lectrice, le soin de remplir, en consultant l’expérience du passé, le vide qui pourrait exister sur ce sujet.

Il était dix heures du soir quand Pierre prit congé de sa fiancée, et ce n’est qu’après lui avoir promis de revenir le mardi suivant, que le jeune homme tourna la proue de son fidèle canot vers les grands sapins du domaine de Lavaltrie qui apparaissait au loin comme une énorme tache noire dans la nuit. Pierre fit bondir sa légère embarcation sous les coups habiles et pressés de son aviron, et chacun dormait à la ferme Montépel, lorsque le jeune homme sauta sur la plage et se diri-