Page:Beaugrand - Jeanne la fileuse, 1878.djvu/119

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l’offre de son mari et l’on avait pris la route du village. On avait débattu pendant longtemps les clauses purement financières du contrat de mariage, sans cependant s’occuper de la question si importante de savoir si les enfants intéressés voudraient bien se soumettre sans réplique à ces marchés de leurs parents. Le négociant, M. Dalcour, avait pleine confiance dans la soumission de sa fille qui était, disait-il, trop « bien élevée » pour s’opposer aux projets de son père, quels qu’ils fussent. Le père Montépel avec la vivacité habituelle de son caractère en était arrivé à la même conclusion, quoique l’expérience du passé eût dû lui inspirer des craintes à ce sujet. La mère ne semblait pas aussi satisfaite de tous ces projets bâclés d’avance sans le consentement des enfants, car elle connaissait trop bien le caractère de son fils pour supposer qu’il se soumît sans réplique à contracter un mariage qui ne fût pas selon ses goûts. Elle s’était contentée de faire quelques observations à son mari, car celui-ci avait répondu, avec brusquerie, qu’il comptait bien sur l’obéissance tacite de son fils lorsqu’il s’agissait de lui procurer un établissement superbe et un mariage magnifique à tous les points de vue. Madame Montépel, pour ne pas contrarier le fermier, avait laissé faire sans mot dire, mais ce n’était pas sans craindre que tous ces arrangements fussent mis à