Page:Beaugrand - Jeanne la fileuse, 1878.djvu/121

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ne ferait pas trop d’objection à se voir doté d’une femme en même temps que d’une fortune. Il était tard quand on arriva à la ferme et il fut décidé que le père Montépel annoncerait à son fils, le lendemain matin, les projets que l’on avait formés sur son compte. Si Pierre, comme on ne paraissait pas en douter, donnait son assentiment à ces projets, on pourrait voir immédiatement à régler l’affaire d’une manière définitive. Somme toute, le vieillard paraissait fort satisfait de ce qu’il avait fait pour son fils, et nous l’avons dit déjà, la fermière depuis qu’elle avait vu la fille de M. Dalcour, s’était mise elle-même à espérer que tout irait pour le mieux.

Lorsque Pierre, un peu plus tard, arriva de Contrecœur où il venait de quitter Jeanne sur la grève du Saint-Laurent, tout le monde dormait profondément à la ferme Montépel. Le jeune homme après avoir mis son embarcation en sûreté se glissa sans bruit jusqu’à sa chambre où il demeura appuyé, pendant plus d’une heure, à sa fenêtre qui donnait sur le fleuve. Son imagination cherchait à percer l’obscurité rendue moins intense par la pureté de l’atmosphère et par les étoiles qui scintillaient au firmament. On apercevait au loin le clocher de l’église de Contrecœur, et plus bas, une petite tache grisâtre désignait à l’œil de