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XIV

Séparation

Ô jeunes cœurs remplis d’ivresse !
Vous vous ouvrez gaîment aux fraîches passions !
Mille rêves dorés et mille illusions,
Comme des fleurs au vent vous agitent sans cesse !…
Mon cœur vieillit ! ses jours ne seront pas nombreux !
Il a vu son espoir comme une ombre passer !
Il a vu ses désirs, tour à tour, s’effacer !
Et la cendre des ans couvre aujourd’hui ses feux !

Longfellow — traduction de L.-P. Lemay.

Pierre avait repris son travail de surveillance sur la grève et personne ne s’était aperçu de la scène orageuse qui avait éclaté au sein de la famille Montépel. Le fermier avait prétexté la nécessité d’une visite au village pour s’éloigner pendant quelques heures et la fermière s’était renfermée dans sa chambre pour cacher sa douleur. Le repas du soir fut pris en famille, comme à l’ordinaire, mais les domestiques avaient remarqué les manières distraites du père Jean-Louis et la réserve inaccoutumée de son fils. Personne, cependant, n’eut l’air de s’apercevoir de ces détails.