Page:Beaugrand - Jeanne la fileuse, 1878.djvu/157

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fille s’empressa d’obéir, et elle ne put retenir un cri de frayeur lorsqu’en se penchant sur le malade, elle s’aperçut qu’une lumière étrange brillait dans ses yeux. Le délire s’était emparé du vieillard, et il ne paraissait pas reconnaître sa fille qu’il regardait d’un air distrait. Jeanne se trouvait seule à la chaumière, sans secours, et la pauvre enfant ne savait que faire dans des circonstances aussi difficiles. Elle hésitait à quitter son père, et, d’un autre côté, elle comprenait que les services d’un médecin étaient indispensables.

Que faire ? Le vieillard prononçait des paroles incohérentes parmi lesquelles elle distinguait son nom et ceux de Jules et de Pierre, mais il lui était devenu impossible de se faire comprendre d’une manière intelligible. La crise paraissait empirer et le malade devenait de plus en plus difficile à contrôler. La pauvre enfant abattue par la douleur et la fatigue sentait sa tête qui tournait sous la pression de tant de malheurs réunis. Faisant enfin un effort surhumain, elle s’élança hors de la chambre et courut en toute hâte vers la maison la plus voisine afin de demander du secours. Heureusement que l’on veillait encore et qu’un jeune homme offrit ses services pour aller chercher le médecin du village qui demeurait dans les environs. Jeanne retourna en courant auprès de son