Page:Beaugrand - Jeanne la fileuse, 1878.djvu/167

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Quelques-unes de ces familles qui avaient émigré dans les villes voisines de la frontière canadienne, s’avancèrent peu-à-peu dans l’intérieur des États de la Nouvelle-Angleterre, et trouvèrent du travail dans les nombreuses filatures de laine, de lin et de coton qui forment la richesse des États de l’Est. Ce fut là l’origine de ce grand mouvement d’émigration qui a jeté pêle-mêle, dans les usines américaines, les cinq cent mille Canadiens-français qui ont abandonné le sol natal pour venir demander à l’étranger le travail et le pain qui leur manquaient au Canada. Ce dernier mouvement date d’à peu près vingt ans, mais c’est principalement depuis la fin de la guerre de sécession, en 1865, que l’émigration a pris des proportions vraiment alarmantes pour la prospérité matérielle de la province de Québec.

Lorsque les fabricants américains eurent constaté les habitudes de travail et d’économie de l’ouvrier canadien-français ; lorsqu’ils eurent comparé son caractère doux et paisible, à l’esprit turbulent et querelleur de l’Irlandais, ils commencèrent à comprendre la valeur de ses services, et chaque famille canadienne qui arrivait aux États-Unis, devenait un foyer de propagande et d’informations pour les parents et les amis du Canada. Des personnes qui n’avaient connu jusque là que la misè-