Page:Beaugrand - Jeanne la fileuse, 1878.djvu/184

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ma position. Il ne sera de retour que vers le commencement du mois de juin, l’année prochaine.

— Alors, il faut de toute nécessité que quelqu’un s’intéresse à vous et quoique je sois moi-même bien pauvre, il ne sera pas dit que j’aurai été témoin de la misère de la fille d’un patriote de 37, sans lui avoir offert de partager le sort de mes propres enfants. Mon père, mademoiselle, combattait à Saint-Denis avec le vôtre, et je suis fâché de n’avoir pas connu plus tôt votre position. Si, après mûres réflexions, vous désirez nous accompagner aux États-Unis, nous vous considérerons, ma femme et moi, comme faisant partie de la famille. Qu’en dites-vous ?

— Merci ! mille fois merci ! monsieur, de votre généreuse et cordiale sympathie. Mais, que pensez-vous que dirait mon frère, en revenant au village et en apprenant mon départ ?

— Votre frère ? répondit le fermier, mais il est facile de lui laisser une lettre par laquelle vous lui expliquerez les circonstances péremptoires qui vous auront forcée de quitter le pays. Il pourra vous rejoindre immédiatement, puisque le voyage de Montréal à Fall River n’est qu’une affaire de vingt-quatre heures, maintenant, par le chemin de fer. Je ne voudrais pas cependant qu’il soit dit