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Page:Beaugrand - Jeanne la fileuse, 1878.djvu/227

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il faut que tous les travaux soient faits, tous les devoirs accomplis avec la régularité implacable de la machine à vapeur qui donne la vie et le pouvoir à ces immenses ateliers. Il faut être là pour veiller à la mise en opération des métiers ; il faut être là pour veiller à la perfection du travail des machines ; il faut être là pour assister, chaque soir, à la cessation du mouvement de la « grande roue », comme on appelle généralement, chez les Canadiens, le moteur principal d’une filature. Il est facile de comprendre que la rigueur mécanique de tous les travaux de la filature, produisent, au début, un sentiment de lassitude physique et d’esclavage moral, chez les gens qui n’ont connu jusque-là, que les occupations paisibles et le laisser-aller assez général de la vie des campagnes. Les premières semaines s’écoulent dans un état de mécontentement assez prononcé, mais quand arrive le premier jour de paye, " pay day " comme on dit généralement ici, ce mécontentement se change presque toujours pour la satisfaction bien naturelle de pouvoir toucher régulièrement le prix de son travail. Le payement des ouvriers, à Fall River, se fait régulièrement chaque mois, et quoique les sommes ainsi distribuées atteignent le montant d’un demi million de dollars, nous n’avons pas un seul exemple à citer, où les compagnies aient failli de rencontrer leurs obligations