Page:Beaugrand - Jeanne la fileuse, 1878.djvu/24

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Le printemps arriva et avec lui les dégels et la descente des bois de construction, et les voyageurs de Lavaltrie se rendirent à Québec, pour conduire leur cage à destination, et pour toucher leur salaire de la saison.

Leur fidèle canot d’écorce de bouleau les avait suivis partout, et quand ils eurent compté et recompté les brillantes pièces d’or, fruits légitimes de leurs travaux, et acheté des cadeaux : qui pour le vieux père ou la vieille mère de Lavaltrie, qui pour une charmante sœur ou une fiancée encore plus chère, nos voyageurs reprirent d’une main gaillarde l’aviron du canotier et se dirigèrent en chantant vers le village natal.

Nos lecteurs ont déjà reconnu Pierre Montépel et ses compagnons, dans les hommes du canot qui arrivaient au pays en répétant le refrain populaire :

« Canot d’écorce qui va voler »

Il y avait fête, ce soir-là, dans la spacieuse demeure du père Montépel. Tout le village avait appris le retour des « jeunes gens » et chacun s’empressait de venir leur serrer la main.

Le père Montépel lui-même était plus heureux qu’il ne voulait l’avouer. Il avait dit à son fils en lui serrant la main :