Page:Beaugrand - Jeanne la fileuse, 1878.djvu/282

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en se cramponnant au paratonnerre, jusqu’à l’extrémité nord de la filature. Il amarra avec soin la corde dont il s’était muni et revint à la fenêtre d’où il était parti afin de porter secours aux femmes et aux enfants qu’il y avait laissés. Il n’y avait plus personne. Tous avaient disparu dans la fumée. Il appela plusieurs fois ; un fileur canadien nommé Michel Dupuis qui s’était dévoué pour essayer de sauver la vie des pauvres ouvrières se trouvait seul, entouré par les flammes, et essayait en vain d’atteindre l’appui de la fenêtre du toit. M. Walker essaya à plusieurs reprises de lui porter secours, mais le pauvre garçon disparut dans les flammes, écrasé par une poutre embrasée qui lui tomba sur la tête. M. Walker atteignit une seconde fois le paratonnerre et se dirigea avec peine vers la corde qu’il avait attachée au pignon nord de la filature. Il avait une descente de 100 pieds à faire. Il se glissa avec précaution, et en quelques minutes atteignit la terre ferme sans autre mal que quelques égratignures aux mains et aux jambes. Des hourras enthousiastes accueillirent cet acte périlleux, et des centaines de mains se tendirent vers M. Walker, pour le féliciter d’avoir ainsi échappé à une mort terrible.

« Délia Poitras est une jeune ouvrière canadienne qui travaillait à l’étage supérieur et qui s’est pré-