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LE PÈRE LOUISON

I



C’ÉTAIT un grand vieux, sec, droit comme une flèche, comme on dit au pays, au teint basané, et la tête et la figure couvertes d’une épaisse chevelure et d’une longue barbe poivre et sel.

Tous les villageois connaissaient le père Louison, et sa réputation s’étendait même aux paroisses voisines ; son métier de canotier et de passeur le mettait en relations avec tous les étrangers qui voulaient traverser le St. Laurent, large en cet endroit d’une bonne petite lieue.

On l’avait surnommé le Grand Tronc et c’était généralement par ce sobriquet cocasse qu’on le désignait lorsqu’on glosait sur son compte. Pourquoi le Grand Tronc ? Mystère ! car le père Louison n’avait rien pour rappeler cette voie ferrée qui provoquait de si acrimonieuses dis-