Page:Beaugrand - La chasse-galerie, 1900.djvu/123

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doré, le premier achigan et la première alose de la saison. Il faisait aussi la chasse à l’outarde, au canard, au pluvier, à l’alouette et à la bécasse avec un long fusil à pierre qui paraissait dater du régime français.

On ne le rencontrait jamais sans qu’il eût, soit son aviron, soit son fusil, soit sa canne à pêche sur l’épaule et il allait tranquillement son chemin, répondant amicalement d’un signe de tête aux salutations amicales de la plupart et aux timides coups de chapeaux des enfants qui le considéraient bien tous comme un croquemitaine qu’il fallait craindre et éviter.

Si l’on ignorait sa véritable histoire, on ne s’en était pas moins fait un devoir religieux de lui en broder une, plutôt mauvaise que bonne, car le père Louison aimait et pratiquait trop la solitude pour être devenu populaire parmi les villageois. Il se contentait généralement d’aller offrir sa pêche ou sa chasse à ses clients ordinaires : le curé, le docteur, le notaire et le marchand du village, et si