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LE LOUP-GAROU

Mon père pulvérisa le rameau sec entre ses doigts et s’en servit pour bourrer son fusil, mais je n’osai lui avouer que le trèfle à quatre feuilles n’était pas là et que les balles n’avaient pas été mouillées dans l’eau bénite. Il mit les deux balles dans le canon, fit un grand signe de croix et visa dans le tas de mécréants.

Le coup partit, mais c’est comme s’il avait chargé son fusil avec des pois, et les loups-garous continuèrent à danser et à ricaner, en nous montrant du doigt.

— Les maudits ! dit mon défunt père, je vais essayer encore une fois.

Et il rechargea son fusil et en guise de balle il fourra son chapelet dans le canon.

Et paf !

Cette fois le coup avait porté ! Le feu s’éteignit sur la rive et les loups-garous s’enfuirent dans les bois en poussant des cris à faire frémir un cabaleur d’élections.

Les graines du chapelet les avaient évidemment rendus malades et les avaient dispersés, mais comme c’était un chapelet neuf qui n’avait pas encore été bénit, mon défunt père était d’opinion qu’il n’avait