Page:Beaugrand - La chasse-galerie, 1900.djvu/64

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vous savez bien qu’il faut que jeunesse se passe. Mon défunt père était donc parti pour aller faire la chasse au castor, au rat musqué et au carcajou dans le haut du Saint-Maurice. Une fois rendu là, il avait campé avec les Abénakis, et sa cabane de sapinages était à peine couverte de neige qu’il avait déjà jeté l’œil sur une belle sauvagesse qui avait suivi son père à la chasse. C’était une belle fille, une belle ! mais elle passait pour être sorcière dans la tribu et elle se faisait craindre de tous les chasseurs qui n’osaient l’approcher. Mon défunt père qui était un brave se piqua au jeu et, comme il parlait couramment sauvage, il commença à conter fleurette à la sauvagesse. Le père de la belle faisait des absences de deux ou trois jours pour aller tendre ses pièges et ses attrapes, et pendant ce temps-là, les choses allaient rondement. Il faut vous dire que la sauvagesse était une v’limeuse de payenne qui n’allait jamais à l’église de Saint-François et on prétendait même qu’elle n’avait jamais été baptisée. Pas besoin de vous