Page:Beaugrand - Lettres de voyages - France, Italie, Sicile, Malte, Tunisie, Algérie, Espagne, 1889.djvu/175

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
178
LETTRES DE VOYAGE

femmes, qui tendent la main et qui suivent la voiture en courant. Nous arrivons enfin à l’hôtel encore tout ahuris de la scène que nous venons de contempler.

J’ai dit dans mes précédentes lettres que les villes de l’Italie du nord étaient propres, bien bâties et que la mendicité n’y était pas pratiquée plus qu’à Montréal. Il n’en est pas de même de Naples où les rues sont sales et où les mendiants pullulent. Il n’y a pas jusqu’à certains ordres de moines et de religieuses, aussi sales que la population qui les entoure, qui ne se mêlent de mendier et d’arrêter les passants en pleine rue. Il est d’ailleurs compris, à Naples, que les étrangers sont des oiseaux de passage qu’il faut plumer, et ces bons Napolitains y mettent une ardeur et un enthousiasme méridionaux. Les voitures, très nombreuses, n’y sont pas chères. Les chevaux, petits, trapus, entiers, au poil soyeux, avec leurs harnais ornés de cuivre et d’argent, sans mors et sans collier, sont pleins d’ardeur et filent très vite. Mais les cochers napolitains sont les cochers les plus effrontés, les plus menteurs, les plus voleurs et les plus polissons qu’il soit possible de trouver en Europe ou ailleurs. Ils ennuient les piétons, les harcèlent,