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LETTRES DE VOYAGE

Il ne se trouve dans la cité aucun moulin assis sur l’eau, mais on les fait tourner par des bêtes. Il n’y a fleuve, fontaine, n’y aucun puys d’eau vive, mais en défaut de ce, les habitants ont plusieurs citernes, dans lesquelles s’écoule et demeure l’eau de la pluye ; vray est qu’il se trouve plusieurs bons puys, mais ils sont réservés pour le Roy et sa cour. Là se voit un beau temple fort spacieux, selon le revenu duquel on y institue une grande quantité de prêtres, et s’en trouve d’autres par les bourgs de la cité, mais de moindre grandeur. Outre ce, il y a plusieurs collèges et monastères de religieux, lesquels ont bon moyen de s’entretenir honnêtement de grandes aumônes du peuple. La plus grande partie des bâtiments est de pierre de taille d’asses belle montre. Il y a forces étuves. Hors la cité il y a plusieurs possessions produisant de beaux fruits. Quant aux jardins, ils sont quasi en infinité remplis d’orangers, citrons, roses, fleurs gentilles et souëves, mêmement en un lieu appelé Bardo, là où sont les jardins et maisons de plaisance du Roy… »


D’un autre côté, M. Victor Guérin a fait de Tunis une description plus moderne, dans laquelle il dit :


« Si Tunis offre de loin l’aspect d’une belle et magnifique cité, on est vite désenchanté, quand on en approche et surtout quand on y pénètre ; c’est la déception que causent généralement les villes de l’Orient dont la disposition est admirable et le coup d’œil d’ensemble si frappant, et qui, parcourues dans leur intérieur, détruisent elles-mêmes le charme qu’elles avaient produit… Tunis forme intérieurement, un réseau confus et irrégulier de rues et de ruelles mal percées, mal bâties, encore plus