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LETTRES DE VOYAGE

et sinistre, et à voir ces crânes bleus, emmanchés de nuques rouges, se plongeant dans les entrailles pantelantes du mouton, on eût dit de monstrueux oiseaux de proie, moitié hommes, moitié vautours, dépeçant quelque carcasse abandonnée sur une voirie. — Les lambeaux de draperie qui palpitaient sur ce groupe impur simulaient assez bien de vieilles ailes flasques.

« À la fin, ivres de ces repas de Lestrigons, fatigués des délires de cette nuit orgiaque, les Aïssaoua tombèrent lourdement çà et là, et s’endormirent d’un sommeil inerte. »

Et voilà, à quelques détails près, ce que j’ai vu la veille de mon départ d’Alger, car nous partons demain pour Oran, pour nous embarquer pour l’Espagne, et pour continuer notre voyage interrompu.

Si ma correspondance, presque toute entière, a été empruntée à Théophile Gauthier, c’est parce que je ne me sentais pas de force, pour essayer de peindre, après lui, une scène aussi étrange que la danse des Aïssaouas.