Page:Beaumarchais - Œuvres choisies, édition 1913, tome 2.djvu/109

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Les vives tendresses,

Les plaisirs,

Le fin badinage,

Sont mis en usage ;

Et bientôt la bergère

Ne sent plus de colère.

Si quelque jaloux

Trouble un bien si doux,

Nos amants d’accord

Ont un soin extrême…

… De voiler leur transport ;

Mais quand on s’aime,

La gêne ajoute encor

Au plaisir même.

En l’écoutant, Bartholo s’est assoupi. Le comte, pendant la petite reprise, se hasarde à prendre une main qu’il couvre de baisers. L’émotion ralentit le chant de Rosine, l’affaiblit, et finit même par lui couper la voilà au milieu de la cadence, au mot : extrême. L’orchestre suit les mouvements de la chanteuse, affaiblit son jeu, et se tait avec elle. L’absence du bruit qui avait endormi Bartholo le réveille. Le comte se relève, Rosine et l’orchestre reprennent subitement la suite de l’air. Si la petite reprise se répète, le même jeu recommence.

LE COMTE. En vérité, c’est un morceau charmant ; et Madame l’exécute avec une intelligence…

ROSINE. Vous me flattez, seigneur ; la gloire est tout entière au maître.

BARTHOLO, bâillant. Moi, je crois que j’ai un peu dormi pendant le morceau charmant. J’ai mes malades. Je vas, je viens, je toupille, et sitôt que je m’assieds, mes pauvres jambes !

Il se lève et pousse le fauteuil.