Page:Beaumarchais - Œuvres choisies, édition 1913, tome 2.djvu/112

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se faire sauter le crâne et jaillir la cervelle ! que leur direz-vous ?

FIGARO. Ce que je leur dirai ?

BARTHOLO. Oui !

FIGARO. Je leur dirai… Eh, parbleu ! je dirai à celui qui éternue : Dieu vous bénisse ! et : va te coucher à celui qui bâille.

Ce n’est pas cela, Monsieur, qui grossira le mémoire.

BARTHOLO. Vraiment, non ; mais c’est la saignée et les médicaments qui le grossiraient, si je voulais y entendre. Est-ce par zèle aussi, que vous avez empaqueté les yeux de ma mule ? et votre cataplasme lui rendra-t-il la vue ?

FIGARO. S’il ne lui rend pas la vue, ce n’est pas cela non plus qui l’empêchera d’y voir.

BARTHOLO. Que je le trouve sur le mémoire !… On n’est pas de cette extravagance-là !

FIGARO. Ma foi, Monsieur, les hommes n’ayant guère à choisir qu’entre la sottise et la folie, où je ne vois pas de profit, je veux au moins du plaisir ; et vive la joie ! Qui sait si le monde durera encore trois semaines ?

BARTHOLO. Vous feriez bien mieux, monsieur le raisonneur, de me payer mes cent écus et les intérêts sans lanterner, je vous en avertis.

FIGARO. Doutez-vous de ma probité, Monsieur ? Vos cent écus ! j’aimerais