pas, je l’ai fait avec réflexion.
Mais qu’on ferait un beau chapitre sur tous les jugemens des hommes et
la morale du théâtre, et qu’on pourrait intituler : De l’influence de
l’Affiche !
Quoi qu’il en soit, la Folle Journée resta cinq ans au porte-feuille ;
les comédiens ont su que je l’avais, ils me l’ont enfin arrachée. S’ils
ont bien ou mal fait pour eux, c’est ce qu’on a pu voir depuis. Soit que
la difficulté de la rendre excitât leur émulation ; soit qu’ils
sentissent avec le public que pour lui plaire en comédie, il fallait de
nouveaux efforts, jamais pièce aussi difficile n’a été jouée avec autant
d’ensemble ; et si l’auteur (comme on le dit) est resté au-dessous de
lui-même, il n’y a pas un seul acteur dont cet ouvrage n’ait établi,
augmenté ou confirmé la réputation. Mais revenons à sa lecture, à
l’adoption des comédiens.
Sur l’éloge outré qu’ils en firent, toutes les sociétés voulurent le
connaître, et dès-lors il fallut me faire des querelles de toute espèce,
ou céder aux instances universelles. Dès-lors aussi les grands ennemis
de l’auteur ne manquèrent pas de répandre à la cour qu’il blessait dans
cet ouvrage, d’ailleurs un tissu de bêtises, la religion, le
gouvernement, tous les états de la société, les bonnes mœurs, et
qu’enfin la vertu y était opprimée, et le vice triomphant, comme de
raison, ajoutait-on. Si les graves Messieurs qui l’ont tant répété, me
font l’honneur de lire cette préface, ils y verront au moins que j’ai
cité bien juste ; et la bourgeoise intégrité que je mets à mes
citations, n’en fera que mieux ressortir la noble infidélité des leurs.
Ainsi, dans le Barbier de Séville, je n’avais qu’ébranlé l’Etat ; dans
ce nouvel essai, plus infâme et plus séditieux, je le renversais de fond
en comble. Il n’y avait
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