Page:Beaumarchais - Œuvres choisies, édition 1913, tome 2.djvu/203

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le contrefait.

Chérubin, quelque sottise !

CHÉRUBIN.

Il m’a trouvé hier au soir chez ta cousine Fanchette à qui je fesais
répéter son petit rôle d’innocente, pour la fête de ce soir : il s’est
mis dans une fureur en me voyant ! --sortez, m’a-t-il dit, petit….
Je n’ose pas prononcer devant une femme le gros mot qu’il a dit :
sortez ; et demain vous ne coucherez pas au château. Si Madame, si ma
belle marraine ne parvient pas à l’apaiser ; c’est fait, Suzon, je suis à
jamais privé du bonheur de te voir.

SUZANNE.

De me voir ! moi ? c’est mon tour ! ce n’est donc plus pour ma maîtresse
que vous soupirez en secret ?

CHÉRUBIN.

Ah, Suzon, qu’elle est noble et belle ! mais qu’elle est imposante !

SUZANNE.

C’est-à-dire que je ne le suis pas, et qu’on peut oser avec moi….

CHÉRUBIN.

Tu sais trop bien, méchante, que je n’ose pas oser. Mais que tu es
heureuse ! à tous momens la voir, lui parler, l’habiller le matin et la
déshabiller le soir, épingle à épingle…. ah, Suzon ! je donnerais….
Qu’est-ce que tu tiens donc là ?

SUZANNE, raillant.

Hélas, l’heureux bonnet et le fortuné ruban qui renferment la nuit les
cheveux de cette belle marraine….

CHÉRUBIN, vivement.

Son ruban de nuit ! donne-le-moi, mon cœur.

SUZANNE,