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Page:Beaumarchais - Œuvres choisies, édition 1913, tome 2.djvu/211

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Un petit libertin que j’ai surpris encore hier avec la fille du
jardinier.

BAZILE.

Avec Fanchette ?

LE COMTE.

Et dans sa chambre.

SUZANNE outrée.

Où Monseigneur avait sans doute affaire aussi !

LE COMTE gaiement.

J’en aime assez la remarque.

BAZILE.

Elle est d’un bon augure.

LE COMTE gaiement.

Mais non : j’allais chercher ton oncle Antonio mon ivrogne de jardinier,
pour lui donner des ordres. Je frappe, on est long-temps à m’ouvrir ; ta
cousine a l’air empêtré ; je prends un soupçon, je lui parle, et tout en
causant j’examine. Il y avait derrière la porte une espèce de rideau, de
porte-manteau, de je ne sais pas quoi qui couvrait des hardes ; sans
faire semblant de rien je vais doucement, doucement lever ce rideau,
(pour imiter le geste il lève la robe du fauteuil) et je vois…. (il
aperçoit le Page.) Ah !…

BAZILE.

Ha, ha !

LE COMTE.

Ce tour-ci vaut l’autre.

BAZILE.

Encore mieux.

LE COMTE à Suzanne.

À merveilles, Mademoiselle : à peine fiancée vous faites de ces aprêts ?
C’était pour recevoir mon Page que vous désiriez d’être seule ? Et vous,
Monsieur, qui ne changez point de conduite ; il vous manquait