le menton.) Voulez-vous bien n’être pas
joli comme çà ?
LA COMTESSE.
Qu’elle est folle ! Il faut relever la manche, afin que l’amadis prenne
mieux…. (elle le retrousse.) Qu’est-ce qu’il a donc au bras ? un
ruban !
SUZANNE.
Et un ruban à vous. Je suis bien aise que Madame l’ait vu. Je lui avais
dit que je le dirais, déjà ! Oh ! si Monseigneur n’était pas venu,
j’aurais bien repris le ruban ; car je suis presque aussi forte que lui.
LA COMTESSE.
Il y a du sang ! (elle détache le ruban.)
CHÉRUBIN honteux.
Ce matin, comptant partir, j’arrangeais la gourmette de mon cheval ; il a
donné de la tête, et la bossette m’a effleuré le bras.
LA COMTESSE.
On n’a jamais mis un ruban….
SUZANNE.
Et surtout un ruban volé.--Voyons donc ce que la bossette…. la
courbette…. la cornette du cheval…. Je n’entends rien à tous ces
noms-là.--Ah qu’il a le bras blanc ! c’est comme une femme ! plus blanc
que le mien ! regardez donc, Madame ? (elle les compare.)
LA COMTESSE d’un ton glacé.
Occupez-vous plutôt de m’avoir du taffetas gommé, dans ma toilette.
Suzanne lui pousse la tête, en riant ; il tombe sur les deux mains.
(Elle entre dans le cabinet au bord du théâtre.)
SCÈNE
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