Page:Beaumarchais - Œuvres choisies, édition 1913, tome 2.djvu/242

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

 COMTE s’avance au cabinet.

Oh bien, puisqu’elle ne parle pas, vêtue ou non, je la verrai.

LA COMTESSE se met au devant.

Par-tout ailleurs je ne puis l’empêcher ; mais j’espère aussi que chez
moi….

LE COMTE.

Et moi j’espère savoir dans un moment quelle est cette Suzanne
mystérieuse. Vous demander la clef serait, je le vois, inutile ! mais il
est un moyen sûr de jeter en dedans cette légère porte. Holà quelqu’un !

LA COMTESSE.

Attirer vos gens, et faire un scandale public d’un soupçon qui nous
rendrait la fable du château ?

LE COMTE.

Fort bien, Madame ; en effet j’y suffirai ; je vais à l’instant prendre
chez moi ce qu’il faut… (il marche pour sortir et revient.) Mais
pour que tout reste au même état, voudrez-vous bien m’accompagner sans
scandale et sans bruit, puisqu’il vous déplaît tant ?… une chose aussi
simple, apparemment, ne me sera pas refusée !

LA COMTESSE troublée.

Eh ! Monsieur, qui songe à vous contrarier ?

LE COMTE.

Ah ! j’oubliais la porte qui va chez vos femmes ; il faut que je la ferme
aussi pour que vous soyez pleinement justifiée. (il va fermer la porte
du fond et en ôte la clef.)

LA COMTESSE à part.

O ciel ! étourderie funeste !

LE COMTE revenant à elle.

Maintenant que cette chambre est close, acceptez mon bras, je vous prie ;
(il élève la voix) et quant à