Page:Beaumarchais - Œuvres choisies, édition 1913, tome 2.djvu/245

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rer ainsi les égards entre
deux époux ? Si l’amour vous dominait au point de vous inspirer ces
fureurs, malgré leur déraison je les excuserais ; j’oublierais, peut-être
en faveur du motif, ce qu’elles ont d’offensant pour moi. Mais la seule
vanité peut-elle jeter dans cet excès un galant homme ?

LE COMTE.

Amour ou vanité, vous ouvrirez la porte ; ou je vais à l’instant….

LA COMTESSE au devant.

Arrêtez, Monsieur, je vous prie. Me croyez-vous capable de manquer à ce
que je me dois ?

LE COMTE.

Tout ce qu’il vous plaira, Madame : mais je verrai qui est dans ce
cabinet.

LA COMTESSE effrayée.

Hé bien, Monsieur, vous le verrez. Écoutez-moi… tranquillement.

LE COMTE.

Ce n’est donc pas Suzanne ?

LA COMTESSE timidement.

Au moins n’est-ce pas non plus une personne…. dont vous deviez rien
redouter…. nous disposions une plaisanterie…. bien innocente en
vérité, pour ce soir…. et je vous jure….

LE COMTE.

Et vous me jurez ?

LA COMTESSE.

Que nous n’avions pas plus dessein de vous offenser l’un que l’autre.

LE COMTE vite.

L’un que l’autre ? c’est un homme.

LA COMTESSE.

Un enfant, Monsieur.